Toufou… Un petit chien bon à rien ?

Dimanche – la rencontre

Par un soir de fin d’hiver, la famille Perrin rentrait à sa maison après d’heureuses vacances à la montagne. Dans la voiture, il y avait le papa, la maman, Lucas, le fils ainé, six ans, Rémi son frère, trois ans et leur petite sœur Lucie, 18 mois qui dormait dans les bras de sa maman.

Le papa ouvrit la grille du jardin et il laissa Lucas ouvrir la porte automatique du garage de la maison. Le volet de fer se releva et Lucas se recula brusquement :
«Papa, il y a un chien dans le garage ! »

En effet on entendait des aboiements Ouah ! Ouah ! Ouah !
Le papa, la maman, sa fille dans les bras et Remi, tous descendirent de voiture…

Et il y avait là un petit chien blanc taché de marron qui les regardait tous. Il n’avait pas l’air méchant !
Tout timide ! Brusquement, il partit en bondissant faisant en courant une ronde folle dans le garage, tournant encore et encore jusqu’à tomber, épuisé, et haletant sur le bitume du garage.

« Mais, il est tout fou, ce chien ! » dit Lucas. Alors, le papa mit un genou à terre et tendit la main :
« Allons, Toufou, viens », dit le papa et le petit chien vint et lui lécha longuement la main. Alors, le papa le caressa un peu et l’examina.
Il n’avait pas de collier, pas de tatouage. Rien, pour qu’on sache s’il avait un maître.
« Bon », dit le papa, « tu as déjà un nom, tu vas t’appeler Toufou ». Les enfants étaient contents.

« Il fait trop froid pour te mettre dehors » dit le papa, « tu vas dormir dans le garage. On te donnera un peu d’eau et quelque chose à manger. Je vais rentrer la voiture. Demain j’appelle la SPA. Il est tard, allons manger la soupe et dormir. Bonne nuit».

Lundi – La chaussure de Lucas

La nuit s’est bien passée. Comme il neigeait un peu, le papa avait rentré Toufou pour la nuit dans la maison. La maman lui avait fait une couchette dans un coin du couloir avec une caisse et une vieille couverture, lui avait donné une soupe et une gamelle d’eau. Au matin, le papa a sorti le chien dans le jardin.
Le papa va emmener les garçons à l’école. La maternelle pour Remi, l’école primaire pour Lucas. Elles sont voisines. Le papa attend ses fils mais Lucas ne trouve pas sa seconde chaussure. Ce sont des chaussures d’hiver un peu montantes, fermées par une languette de cuir. On cherche… Rien…

Alors, Toufou se relève, s’en va et revient avec cette chaussure dans la gueule. Elle a été bien grignotée et il manque la languette, arrachée… C’est Toufou qui a fait ça.
Lucas, prêt à pleurer montre à Toufou sa chaussure en disant «Il manque la languette ! ».

Toufou repart et revient très vite portant la languette dans sa gueule. Il a l’air tout fier et remue la queue. Que faire ?

La maman console Lucas et dit :
« Viens, tu vas mettre d’autres chaussures, je verrai si le cordonnier peut réparer cette chaussure ».
Alors, les enfants et le papa s’en vont jusqu’au soir au travail et à l’école.
La maman reste à la maison avec la petite Lucie avec Toufou le chien… Pour compagnon.

Le soir, le papa dit à la maman qu’il va falloir garder Toufou jusqu’à la fin de la semaine car il n’y a plus de place à la SPA.

Mardi - Le linge de Maman

Tout va bien ce matin. Il fait frais, avec un peu de vent mais un clair soleil. Le papa est au travail, les garçons à l’école, Lucie joue dans son parc, la maman a fait une lessive. Toufou dort dans sa couchette.

Dans la matinée, la maman va étendre son linge dehors, sur le fil tendu entre deux arbres, accompagnée de Toufou.

Il y a là, les draps de Lucie, les pantalons des garçons, des serviettes, des draps de bain et une longue écharpe… Tout sera vite sec avec le vent….

Toufou reste dans le jardin. La maman s’occupe du ménage, du repas, du labeur du jour puis va chercher son linge sec.

Mais… Quelle surprise ! Tout ce que se balançait dans le vent a servi de jeu à Toufou. Du linge par terre, piétiné et sali, et Toufou continue à bondir pour attraper le linge restant pendu, déjà plein d’accrocs et de larges déchirures.

La maman, un peu fâchée, ramasse le linge, le bon et le mauvais, le déchiré et le déchiqueté et gronde un bon coup Toufou.

Il part en courant et rapporte une serviette trempée et salie qu’il avait dû cacher quelque part. Il a l’air tout content et remue la queue joyeusement.
La maman fait un tri puis une seconde lessive, elle l’étendra dans le séchoir du garage !

Le papa, ce soir, n’est pas content : « Ce petit chien ne fait que des bêtises, il n’est bon à rien. »

Mercredi – La tarte aux pommes

Pas d’école aujourd’hui. Rémy fait une longue sieste près du lit de Lucie dans la chambre des parents. Lucas a invité des copains de son âge, des petits voisins, deux filles, trois garçons, à venir à la maison jouer et goûter.

La maman a fait une belle tarte aux pommes. A quatre heures, elle la pose sur la petite table basse du salon, avec des verres et des jus de fruits pour le goûter.

Elle va appeler les enfants qui jouent dans le jardin. Ils se lavent les mains au robinet dehors et entrent dans la maison.
Arrivés dans le salon, c’est la consternation : Toufou, deux pattes sur la table basse, s’est attaqué à la tarte aux pommes, il l’a mangé en partie et en grignote encore. Il en a mis par terre sur le joli tapis et marché dessus.

Tous sont fâchés quand ils le voient, Toufou est grondé et enfermé en punition dans le garage par la maman.

Il n’a pas l’air de comprendre, il remue la queue, encore…
Il n’aura pas faim ce soir !

La maman nettoie tout et improvise un autre goûter.

Tout se passe bien finalement. Rémy a été aussi de la joyeuse bande d’enfants.

Mais, le soir, le papa était encore plus fâché. Il a sorti Toufou du garage pour le gronder lui disant : « tu ne fais que des bêtises, tu n’es vraiment bon à rien ! ».

Jeudi – Lucie a des ennuis

Il fait très beau temps, aujourd’hui. Lucie s’est endormie dans sa poussette, pendant sa promenade, et la maman s’est assise un moment avec elle dans le jardin pour la laisser dormir encore.

Elles sont derrière la maison, dans le coin des enfants. Il y a une balançoire, le papa a fait un bac à sable. Il y a des seaux, des moules pour les pâtés de sable, des jouets et un petit tonneau pour tout ranger.

Soudain, maman entend la clochette de l’entrée. Elle va vite voir. C’est une voisine, toute joyeuse, qui dit : « Bonjour, je passe vous voir sans m’arrêter, on est rentré d’Espagne. Quel beau voyage. Je viendrais vous raconter ça… » Elle est très bavarde, la maman écoute poliment puis dit : «Revenez un autre après-midi, merci. » « Oui, oui » dit la dame.
Elle se décide à partir.

La maman revient vite… !!! Elle a une terrible surprise, une grande peur brutale : Toufou, à terre, tient dans sa gueule une jambe du pantalon de la salopette de Lucie qui dépasse du tonneau où Lucie est coincée.

Il tire de toutes ses forces pour la sortir de là.

La maman se précipite et retire sa fille. Pas de mal, heureusement ! La petite ne pleure même pas.
Alors la maman réfléchit : Lucie sait marcher, elle a dû descendre de sa poussette, venir regarder dans le tonneau, perdre l’équilibre et tout a basculé.

La maman fait une caresse à Toufou qui a essayé d’aider.

Le soir, le papa est surpris et touché, il dit :
« Ce petit chien, il est tout de même pas bête et bien gentil ».

Vendredi – La visite des amis

Ce vendredi, la maman a la visite de ses amis Jean et Jeannette. Ils ont amené leur chien Pompon, un chien tout noir, tout frisé et très gentil. Les deux chiens se regardent, se flairent, tournent l'un autour de l'autre et très vite, partent ensemble courant, se poursuivant et se roulant dans l'herbe.
Tout va bien, les voilà copains de jeu.
On les laisse dans le jardin ensemble.

A la maison, la maman et ses amis se racontent leur vie, leurs soucis et leurs joies. Lucie passe de bras en bras. Le vendredi l'école finit tôt. Le papa revient et ramène les garçons.
On est tous là, on cause encore un moment, regarde des photos puis on partage un copieux et joyeux goûter puis les amis décident de repartir.

On appelle Pompon, pas de réponse... On fait le tour de la maison, du jardin, personne...

Toufou, indifférent, se repose au soleil sur la terrasse.
L'ami Jean siffle, rien !

En passant près de Toufou, Lucas, par hasard, lui demande : « où est Pompon ? On l'a perdu ! ».

Toufou se dresse sur ses pattes, part en courant à toute allure, droit devant lui, comme s'il savait où aller... Et va vers le fond du jardin qu'une haie sépare de chez les voisins, absents pour le week-end.

Il s'arrête brusquement, en un point précis, face à la haie. Lucas arrive...
Ce qu'il voit le laisse d'abord muet de surprise, puis il appelle, il crie « Venez, venez, ici ! ».


Pendant ce temps Toufou retourne au soleil sur la terrasse.

Tous arrivent vers la haie, leur surprise est totale. Pompon a fait un trou dans la haie, est passé chez les voisins, renversé leur poubelle et se régale avec ce qui lui plaît dans les déchets.
Alors, de la rue, Jean grimpe par-dessus le portail des voisins, récupère son chien, le soulève pour le donner au papa qui le passe à Jeannette. Celle-ci va l'enfermer dans la voiture pendant que Jean relève la poubelle et y remet les déchets dispersés.
Le papa va reboucher le trou de la haie.

Au passage, tous sont venus remercier et caresser Toufou, devenu le héros du jour.
Les amis sont partis, Jeannette agitant la main en signe d'un joyeux au revoir.

Le soir, le papa dit : « Ce petit chien, il est très malin, il comprend tout ! Il est aussi très gentil. »

Samedi – La décision

C'est samedi, d'habitude au réveil la famille est gaie et contente mais pas aujourd'hui.

Normalement, le papa doit appeler la SPA pour qu'elle récupère Toufou pour lui trouver un maître qui l'adoptera. La maman et le papa discutent un peu entre eux. Les garçons ne jouent pas, Lucie suce son pouce.

A 9 heures, le papa entre dans son bureau pour téléphoner.
Tous attendent. Ce n'est pas très long.

Dès qu'il ressort, il dit : « On va parler, tous ensemble. Ils ne peuvent pas encore prendre Toufou, ils demandent qu'on le garde un peu. Alors, voilà ce que je propose, Maman est d'accord : on pourrait garder Toufou avec nous, l'adopter. Je pense qu'il serait heureux avec nous. »

Cris de joie des garçons, tous s'embrassent, Toufou doit avoir compris car il tourne autour de la famille réunie recevant des caresses, léchant des mains et sa queue bat joyeusement encore, encore, encore...


Le papa téléphone alors à la SPA pour tout régler…